“Mon rôle n’est pas de diriger. Mon vrai job, c’est inspirer”. Quand j’ai entendu cela de la part d’un patron, je me suis contentée de hausser les épaules. Et quand je lis que Carlos Tavares, le PDG de Stellantis, pourrait voir sa rémunération monter jusqu’à 36,5 million d’euros; la question s’impose : À quoi ça sert vraiment, un PDG ?
Dans l'imaginaire collectif, le PDG est souvent vu comme le sauveur ultime, celui qui, par ses décisions éclairées, guide son entreprise à travers les tempêtes économiques. Toutefois, une étude menée par Donald Hambrick et Craig Crossland en 2007 révèle que l'influence réelle des PDG sur la performance des entreprises est, en réalité, assez limitée. Cette étude conclut que seulement 13 % de la performance d'une entreprise peut être attribuée à l'action du PDG, le reste étant influencé par des facteurs comme le secteur d'activité, l'économie globale ou des éléments internes à l'entreprise .
Malgré cet impact modeste, les PDG bénéficient souvent de rémunérations astronomiques. Comment justifier de tels écarts ? Est-ce le talent, ou plutôt le résultat d'une capacité à vendre une image, à incarner un rôle ? Les PDG modernes sont parfois plus des personnages médiatiques que des gestionnaires au sens traditionnel du terme. Leur visibilité sert à rassurer les investisseurs et à personnaliser l'entreprise aux yeux du grand public. Ils sont, pour ainsi dire, les visages humains superposés sur la complexité impersonnelle des corporations géantes.
Dans les entreprises contemporaines, surtout les multinationales, le rôle du PDG semble souvent se limiter à celui d'un arbitre entre divers intérêts internes et externes. Les décisions stratégiques majeures sont le produit d'une concertation, d'une négociation entre différents départements, actionnaires, et parfois même influences politiques. Le PDG est celui qui, en fin de compte, doit harmoniser ces voix diverses et parfois discordantes, en cherchant un équilibre précaire entre les intérêts contradictoires.
Historiquement, le rôle des PDG a évolué. Si dans les années 1950, un PDG pouvait se contenter d'être un gestionnaire efficace de ressources internes, les défis actuels requièrent des compétences bien plus diversifiées. Comme le montre une étude longitudinale de Hambrick et Timothy Quigley, l'influence du PDG sur la performance des entreprises a doublé entre les années 1950-1970 et les années 1990-2010. Cette hausse suggère que, dans un monde globalisé et technologiquement avancé, les décisions au sommet ont des répercussions plus profondes et plus immédiates qu'autrefois .
En définitive, si l'impact direct des PDG peut sembler limité par les chiffres, leur rôle symbolique est indéniable. Ils personnifient l'entreprise, ses ambitions et ses valeurs. Ils sont à la fois le visage et souvent le bouc émissaire des succès et des échecs. Cela ne justifie peut-être pas toujours leurs salaires stratosphériques, mais cela explique pourquoi ils continuent d'occuper une place si centrale dans la narrative économique contemporaine.
Ainsi, si vous vous demandez à quoi sert vraiment votre PDG, la réponse est double : moins qu'on ne le pense pour diriger l'entreprise au quotidien, mais bien plus que ce que l'on imagine pour incarner son esprit et ses aspirations dans l'arène publique et économique globale.
Joseph Schumpeter a redéfini le rôle de l'entrepreneur dans le capitalisme moderne. Pour lui, l'entrepreneur est bien plus qu'un acteur économique : c'est un perturbateur essentiel qui dynamise et transforme le marché. L'approche schumpetérienne décrit l'entrepreneur non pas comme un simple gestionnaire ou investisseur, mais comme un créateur de changement, propulsant l'innovation et brisant la routine économique établie.
Contrairement à l'homo œconomicus du modèle néoclassique, qui calcule froidement risques et bénéfices, l'entrepreneur schumpetérien est animé par une force intérieure, une vision et une capacité à anticiper les besoins non encore exprimés du marché. Schumpeter lui prête des qualités telles que le charisme et l'énergie, essentielles pour rallier les autres à sa cause. L'entrepreneur schumpetérien ne cherche pas seulement à générer des profits; il aspire également à transformer ces succès en prestige social et en influence, redéfinissant ainsi son statut dans la société et dans le monde des affaires.
Schumpeter distingue entre deux types d'entrepreneurs : les pionniers et les suiveurs. Les pionniers sont ceux qui innovent, qui créent de nouveaux marchés et de nouvelles manières de faire des affaires. Ils sont les véritables moteurs du changement économique et de la destruction créatrice, un concept central dans la théorie de Schumpeter. Les suiveurs, en revanche, adoptent les innovations introduites par les pionniers et les adaptent, les améliorent parfois, mais ne sont pas à l'origine de révolutions de marché.
Schumpeter évoque également quatre figures d'entrepreneurs :
Dans une start-up ou une petite entreprise, le PDG est souvent aussi le fondateur, ce qui implique un niveau d'engagement et de passion particulièrement élevé. Il ne se contente pas de superviser ou de déléguer ; il est impliqué dans le développement du produit, le marketing, la levée de fonds, et parfois même les aspects les plus techniques de l'entreprise. Son rôle est intrinsèquement lié à celui d'un chef d'orchestre, d'un pilote dans une tempête, naviguant entre développement de produit innovant et réalités du marché.
Dans le contexte d'une petite structure, les décisions du PDG ont un impact immédiat et souvent mesurable sur la trajectoire de l'entreprise. Chaque choix, de l'embauche d'un nouvel employé à la stratégie de prix, peut être crucial et potentiellement déterminant pour la survie et la croissance de l'entreprise. Le PDG doit donc posséder une compréhension aiguë du marché, mais aussi une capacité à anticiper les besoins futurs et à s'adapter rapidement aux changements.
Dans une start-up, le PDG est également le principal vecteur de la culture d'entreprise. Il ou elle définit les valeurs, l'éthique de travail, et l'ambiance au sein de l'équipe. Cette influence culturelle est vitale dans les petites structures où le travail d'équipe et la motivation sont des leviers essentiels de performance. Le PDG doit inspirer, motiver, et parfois consoler, jouant plusieurs rôles allant du leader inspirant au gestionnaire de crises.
Un autre rôle crucial du PDG dans le contexte d'une start-up est la levée de fonds. Dans un écosystème où le capital est souvent le sang vital, le PDG doit être un communicateur efficace, capable de vendre sa vision non seulement à son équipe mais aussi aux investisseurs, partenaires et parfois au grand public. Ce rôle exige un équilibre délicat entre optimisme réaliste et la présentation transparente des risques et des opportunités.
En somme, dans une start-up ou une petite entreprise, le PDG est loin d'être une figure décorative ou simplement symbolique. Son rôle est central, tangible et souvent décisif pour le destin de l'entreprise. Contrairement aux grands groupes où le PDG peut parfois sembler éloigné des opérations quotidiennes, dans les petites structures, il est le moteur, le visage et souvent le cœur de l'entreprise. Sa gestion, sa vision et ses décisions façonnent de manière indélébile le parcours de l'entreprise.
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